Il déborde...
28/11 - Le cratère Dolomieu a débordé une nouvelle fois
Alors que l’éruption en cours au piton de la Fournaise s’apprête à entrer demain dans sa quinzième semaine, des habitants du village du Tremblet (Saint-Philippe) ont vu hier soir des lueurs au sommet du volcan. Il était environ 21 h lorsque Gino Rivière, restaurateur, a aperçu parmi les premiers une coulée descendant du sommet. « Une langue » incandescente selon notre témoin. « Deux langues », selon les gendarmes de Saint-Philippe qui, alertés, ont mené une patrouille dans le Grand-Brûlé un peu plus tard. Regain d’activité ? Pas exactement. Samedi, une équipe de l’observatoire volcanologique a été témoin de la formation d’un hornito (petit cône) au centre du cratère Dolomieu, d’où s’échappaient de nombreuses coulées. Son activité a cependant cessé d’être spectaculaire au fil de la nuit. Mais les scientifiques avaient bien noté qu’un nouveau point de débordement du cratère semblait se mettre en place. Les coulées, abondantes, avaient en effet approché de très près la paroi Est du plus vaste de deux cratères sommitaux déjà comblé par lave, du moins de ce côté. Ce sont très vraisemblablement ces coulées qui ont franchi hier soir le déversoir Est du Dolomieu, zone où plusieurs débordements ont été constatés depuis le début de l’éruption. L’amplitude du trémor éruptif est stable depuis plus d’une semaine, avec une valeur égale a 50 % de sa valeur maximale observée en début d’éruption.
Sur cette photo prise dimanche dernier, on voit le hornito actif au milieu du Dolomieu et les coulées prêtes à franchir le rebord du cratère. Hier soir, elles sont passées à l’acte.
29 /11 - Le cratère Dolomieu débordait toujours hier soir
Depuis 1998 et « l’éruption du siècle » (196 jours), le piton de la Fournaise n’avait jamais tenu autant son public en haleine. L’éruption en cours depuis le 30 août dernier n’en finit pas de drainer un public toujours aussi nombreux vers les bélvédères au sommet du volcan. Et personne n’ose se risquer à prédire quand elle s’achèvera, surtout pas les scientifiques de l’observatoire volcanologique.
Nul ne pouvait dire hier soir avec exactitude quelle distance ont parcouru les coulées qui ont commencé à déborder lundi du cratère Dolomieu. Plusieurs centaines de mètres au moins à coup sûr. Plus, on n’oserait pas l’affirmer. Ce sont des habitants de Piton Sainte-Rose et du Tremblet à Saint-Philippe qui ont donné l’alerte lundi vers 21 h. Hier soir, les coulées étaient bien visibles du littoral, très haut, les coulées semblant s’être étalées, selon le témoignage de deux habitants du Tremblet. A notre arrivée nocturne, tôt hier matin, au sommet du volcan, au point de débordement des coulées, le panneau-témoin (du niveau de la lave !) de l’ONF (photo page 3 de notre édition d’hier) avait été emporté. Les nouvelles coulées ont rehaussé le plancher du cratère d’environ deux mètres à cet endroit. De nombreux épanchements étaient visibles dans une grande partie du cratère Dolomieu et à l’extérieur, en contrebas de son bord Est quand soudainement, à 6 h, un des tunnels alimentant le débordement a explosé, libérant des flots de lave (photos de une et page 3). Pendant plusieurs heures il alimenté des coulées d’abord fluides à leur sortie, puis en gratons plus bas.
30/11 - Les coulées visibles de la route nationale 2
Alors que le piton de la Fournaise fête aujourd’hui son troisième mois d’éruption, la lave continuait hier soir à déborder du cratère Dolomieu et descendait toujours les premières pentes de son flanc Est. Les automobilistes de passage dans le Grand-Brûlé n’ont pas manqué de s’arrêter sur le bord de la route nationale 2 pour admirer le spectacle : une coulée principale, se séparant en deux bras. Cependant, ces coulées se cantonnent actuellement au sommet du piton de la Fournaise, selon toute vraisemblance entre 2 500 mètres d’altitude (cratère Dolomieu) et quelques centaines de mètres plus bas tout au plus, peut-être vers 2 200 mètres. Elles ne risquent donc pas d’atteindre la route nationale de sitôt et de bonnes jumelles sont recommandées si l’on veut suivre leur progression ! D’ailleurs, rares sont les coulées provenant de la zone sommitale à atteindre le littoral, hormis l’exception récente de l’éruption d’août 2004. Le trémor éruptif, après avoir accusé une baisse en début de semaine, s’est stabilisé mardi à 25 % de sa valeur maximale observée au cours de l’éruption qui entre aujourd’hui dans son quatrième mois.
Source : le Journal de l'île de la Réunion >